LE PROFESSEUR DURACELL
Son énergie est une source d’inspiration autant pour ses élèves que pour ceux des autres classes
LÉVIS | En mettant les pieds dans la classe d’Yvan Girouard, on voit tout de suite le genre de personnage enflammé qu’il est. Avec sa collection personnelle, cet enseignant de l’école secondaire Les Etchemins, à Lévis, a transformé son local en musée de sciences naturelles.
M. Girouard enseigne les sciences et la technologie (chimie, physique, écologie, etc.) aux élèves de secondaire 4 qui sont inscrits au programme enrichi. La porte de sa classe est toujours ouverte et il accueille même les élèves des autres niveaux.
« Le midi, je fais de la récupération avec mes élèves, mais tous ceux qui veulent venir s’occuper des animaux sont les bienvenus. J’appelle ça ma salle de zoothérapie », explique l’enseignant au sourire contagieux.
Destiné à une carrière scientifique avec un baccalauréat en biochimie, il a finalement bifurqué vers l ’ enseignement où i l peut donner l i bre cours à sa passion de communiquer dans un domaine qui lui colle à la peau.
M. Girouard a la réputation d’être un professeur exigeant. C’est pourquoi il a d’abord été surpris par la sélection de son dossier dans la quête du Journal pour dénicher les meilleurs profs du Québec.
« Je pousse beaucoup mes élèves. À ceux qui rouspètent, je dis toujours : “Vous me remercierez plus tard.” C’est mon expression favorite. Le fait d’avancer plus vite dans la matière nous donne plus de temps pour faire des projets bizarres dans l’école », dit-il.
Plafond tapissé de 1 000 photos d’yeux
Le plafond de sa classe est tapissé de 1000 photos d’yeux qui servent à l’analyse de l’anatomie. Les chinchillas, les dégus du Chili, le cochon d’Inde et les rats servent aussi à parfaire l’apprentissage des élèves. Plusieurs aquariums et animaux naturalisés ajoutent une touche particulière à cet environnement hors du commun.
Dernièrement, l’enseignant a fait l’acquisition de deux espadons et d’un requin- marteau. Il s’agit de pièces de sa collection personnelle qu’il a commandées aux États- Unis sur des sites comme eBay.
« J’ai décidé d’équiper ma classe parce que je passe plus de temps ici que chez nous ! »
De fait, M. Girouard est très engagé dans son milieu. Depuis 17 ans, il est entraîneur de l’équipe juvénile de volleyball masculin de secondaire 5. Il siège à 9 comités, en plus d’être le photographe officiel de l’école.
« Je réalise que plus un professeur donne, plus il reçoit en retour. Je m’inspire beaucoup des humoristes pour rendre mes cours vivants et garder l’attention des élèves. »
L’avènement des technologies de l’informa- tion a bouleversé le travail des enseignants, selon lui.
« On n’a pas le choix si on veut suivre les jeunes. »
Au cours de l’année, les étudiants ont fabriqué un appareil photo 3D et appris à développer des négatifs. Cette expérience leur a permis de se familiariser avec la préparation de produits chimiques, tout en faisant appel à leur côté créatif. Voilà le genre de projet que M. Girouard aime mettre de l’avant.
Un visiteur extraordinaire
Dernièrement, l’enseignant a eu le bonheur de faire visiter sa classe à l’astronaute canadien David Saint-Jacques, qui s’est montré très impressionné par son dévouement. QQuels
sont vos trucs et vos secrets ?
R C’est la passion qui fait foi de tout. J’aime ce que je fais. J’adore les sciences. La passion commence par le goût de transmettre aux étudiants.
QSi
vous étiez ministre de l’Éducation, que changeriez-vous ?
R C’est une question difficile... J’augmenterais les budgets pour prévenir le décrochage scolaire. J’invite fortement le premier ministre du Québec à venir passer une semaine avec nous pour voir le fonctionnement d’une école.
QDe
quel événement êtes-vous le plus fier comme enseignant ?
R Cette année, j’ai quatre étudiants qui ont participé au concours canadien de sciences, dont un, Erwan Le Nabec, qui a terminé dans les 10% du peloton de tête. Je suis bien content.